1ère partie - Preuves d’une importante contamination du sud-est et de la Corse

11 juillet 2008

Je téléphone donc à la cellule d’information et l’on me donne une moyenne pour le sud-est, devant mon étonnement du manque de données précises sur la Corse et mon insistance le SCPRI me propose d’analyser le lait de ma région. J’envoie deux échantillon de lait de brebis.

Voici les résultats :
échantillon du 26 mai 350Bq d’iode 131/L
échantillon du 27 mai 320Bq/l
sachant que la période de l’iode est de 8 jours je m’inquiète et m’empresse d’adresser un autre échantillon dans un laboratoire parisien et plusieurs autres à la faculté de Lyon par l’intermédiaire de la CRIIRAD.

Les résultats sont de 150Bq/L pour le lait du 10 juin, compte tenu de la période effective de l’iode 131 dans le lait de chèvre déterminée par le CEA, qui est de 4,5 jours, cela signifie que pour cette valeur de 150Bq, l’activité initiale au 2 mai était de l’ordre de 70 000Bq/L.


Plus tard nous retrouverons dans les bulletins du SCPRI une valeur de 4 400Bq le 12 mai ce qui correspond à une activité initiale de 24 000Bq (en Haute-Corse, sans précision de lieu).


Ces données sont corroborées par les analyses du sol :5 prélèvements réalisés en Haute-Corse par la CRIIRAD, dont les résultats d’analyse donnent une contamination s’échelonnant de 3 000 à 30 000Bq de césium 137 ; or il y avait 5 à 8 fois plus d’iode 131 que de césium 137 dans les dépôts, soit des dépôts d’iode de 15 000 à
240 000Bq/m2 avec une moyenne de 84 000Bq.

D’après le logiciel ASTRAL mis au point par l’IPSN cela correspond à une contamination moyenne du lait de chèvre et de brebis en Haute-Corse de 40 000Bq d’iode 131 par litre de lait le 2 mai (compte tenu que les dépôts ont commencé le 30 avril 86).


Ceci est également corroboré par les analyses du foin engrangé qui nous donnaient une activité initiale de 60 000 à 80 000 Bq/Kg (iode 131) au début mai.
Il est établi que l’on retrouve dans un litre de lait la moitié de l’activité contenue dans un Kg de foin consommé.

Nous sommes donc très loin des normes réglementaires
et des TRACES DE PARTICULES évoquées par le Pr Pellerin
.

La Corse est la seule région française apparemment où il y avait toujours de l’iode 131 dans l’environnement à la mi-juillet 86 soit 2 mois ½ après le passage du nuage (il reste à ce moment-là 2 pour mille de la dose initiale ! !)
Du thym récolté le 14 juillet 1986 contenait toujours 340Bq d’iode 131 ! (2)
Dans le nord de la Sardaigne, au sud de la Corse, les laits de brebis et de chèvre dépassaient les 10 000Bq d’iode 131.

2ème partie - Particularités de la population Corse

11 juillet 2008

Plusieurs facteurs ont contribué à l’exposition de la population corse :

  • Importance des populations rurale et pastorale en particulier.
  • Carences en iode des populations vivant en montagne.
  • Production et consommation de lait de chèvre.
  • Fabrication et consommation de fromage frais de chèvre et brebis (pour faire un fromage il faut 4 litres de lait).
  • Processus particulier de fabrication du brucciu à base de petit lait.
  • Circuits de distribution très courts.
  • Rapidité de fabrication du fromage.
  • A cette époque de l’année (printemps) les potagers sont en pleine production.
  • Importance du relief : l’IPSN a bien mis en évidence le fait que les dépôts augmentent avec l’altitude.
  • Concentration du nuage en R.A.
  • Pluie et brouillard fin avril et début mai 86. Des précipitations sur près de la moitié des deux départements ont accentué les dépôts au sol.

3ème partie - Estimation de la contamination des populations

10 juillet 2008

Il y a de jeunes corses élevés au lait de chèvre et beaucoup consomment régulièrement du fromage frais et du brucciu et non des « petits suisses » ; entre le lait de chèvre, le fromage frais, le brucciu, un enfant peut ingurgiter sans problème dans la journée l’équivalent de 2 litres de lait de chèvre ou de brebis, soit 80 000Bq d’iode 131 au début du mois de mai ou encore 600 000Bq en 40jours compte tenu de la décroissance.

Ingérer 600 000Bq d’iode 131 délivre à la thyroïde.

260mSv pour un adulte

570mSv pour un enfant de 10 ans.

1,14Sv pour un enfant de 5 ans .

Le Professeur Cogné, Directeur de l’IPSN admettra qu’un enfant de 10 ans ait pu recevoir 90mSv à la thyroïde ; de son côté la Société Française de Radioprotection admettra que les enfants corses aient pu recevoir des doses à la thyroïde de 30 à 170mSv, bien en-deçà de notre propre estimation mais par contre très au-dessus de la limite fixée par le décret du 15/06/66 en vigueur en France en 86, soit 15mSv.

A nos estimations de contamination par les produits laitiers il faut ajouter la contamination par inhalation et par ingestion des autres aliments, surtout les légumes très abondants à cette époque de l’année, notamment les salades et autres légumes à larges feuilles, qui ont la propriété de récolter beaucoup de bequerels.

Mais il n’y a pas eu que de l’iode 131, il y avait d’autres isotopes radioactifs de l’iode dont l’impact est loin d’être négligeable et tous les autres radioéléments les plus importants étant retrouvés dans la salade de Mandelieu.

Dans les champs de maraîchers il y a à peu près 9 salades au m2 ; si la pluie n’a pas été trop abondante la salade a pu fixer la presque totalité des retombées.

Les populations rurales et pastorales du Sud-Est et de l’arrière pays niçois se sont trouvées dans des conditions similaires.

Pellerin a ignoré tous ces facteurs particuliers et se retranche derrière des moyennes de contamination et des alimentations standards de citadins.

La radioprotection doit protéger tous les individus y compris les « groupes critiques », même s’ils sont en nombre limité au sein de la population française.

Les estimations de contamination de ces populations rurales sont, en ce qui concerne la thyroïde, du même ordre de grandeur que celle faite pour une importante proportion de jeunes ukrainiens ou biélorusses.

C’est la rançon de l’absence totale de contre-mesures.

Le cancer de la thyroïde a déjà frappé près d’un millier de jeunes ukrainiens et biélorusses.

En Corse cette contamination de la population ne peut pas rester sans conséquences sanitaires.

On est déjà stupéfait par le nombre de problèmes thyroïdiens ; les spécialistes se posent des questions (Pr Santini de Nice par exemple) , j’ai de mon côté essayé de faire un travail d’épidémiologie.

Dès 1986, après enquête, j’ai trouvé un excès de cas d’hypothyroïdie néonatale en Corse :

Entre 1980 et 1985 il y a eu 6 cas d’hypothyroïdie néonatale en Corse, soit une moyenne d’un cas par an ;

J’ai répertorié 5 cas pour la seule année 86, dont 4 cas entre le 15 mai et le 15 octobre.

De même en région PACA il y avait une moyenne de 9 cas par an, en 86 il y a eu 23 cas !

Dans ma propre clientèle j’ai constaté une augmentation des problèmes thyroïdiens, ce que confirmera le Dr Vellutini seul endocrinologue de Haute-Corse à l’époque.

En 1983, 84 et 85 la proportion de ces nouveaux patients consultant pour un problème thyroïdien est stable par rapport aux autres pathologies endocriniennes de 7,06 à 7,60%, en 1987 cette proportion passe à 20%, soit une augmentation de 172%. J’ai demandé au Dr Vellutini de me donner des précisions sur l’évolution des pathologies mois par mois et sur les lieux de résidence des patients pour les mettre en parallèle avec la contamination, il me refusera ces données mais les donnera à l’ORS ; le rapport de l’ORS est toujours secret.

En région PACA également il y a eu la troublante affaire des cancers de la thyroïde des enfants et du registre du professeur Bernard ; conférence de presse d’Annie Sugier, Directrice de l’IPSN , au Monde et au Nouvel Observateur : 3 cancers de 84 à 91 et 14 cancers en 92,93 et 94. Chiffres « rectifiés » par l’intervention de la Direction Régionale de la Santé. Il y aurait eu « erreur dans l’ interprétation des données ».

Il serait très intéressant de savoir qui a fait pression sur l’ORS, sur le Dr Vellutini, mais également sur le professeur Ardisson de Nice, sur Ségolène Aymé…

Concernant également les hypothyroïdies en France j’ai noté une discordance dans les publications ; y aurait-il là aussi une rectification :

193 cas dans la Dépêche sous la responsabilité du Pr Farriaux de Lille

179 cas dans l’étude de M.L. Briard (présidente de l’association française pour le dépistage et la prévention des handicaps de l’enfant).

On se demande encore si l’on peut faire confiance aux épidémiologistes :

Ceux de l’IPSN ou de l’INSERM (Florent de Vathaire par exemple) qui disent « on ne pourra pas mesurer l’impact de Tchernobyl sur la santé », pour cela ils avancent comme arguments que:

- le risque est trop faible pour être statistiquement significatif,

- on n’a pas de point zéro par manque de registre des cancers dans la plupart des régions françaises,

- si l’on trouve davantage de cancers et de nodules c’est que les nouvelles technologies permettent de mieux les dépister.

Si cela est peut-être vrai pour mesurer l’impact sur la santé du césium où un épidémiologie fine serait nécessaire, il n’en est pas de même pour l’iode qui a un organe cible, la thyroïde, et que l’excès de cancer de la thyroïde ou de nodules concernera préférentiellement les groupes à risque (milieu rural de régions contaminées).

La population des enfants nés après janvier 1987 n’a pas été en contact avec l’iode 131, elle peut constituer un point zéro à posteriori par rapport à la population née entre les années 1971 et janvier 87 c’est à dire ceux qui ont entre 13 et 28 ans actuellement.

Aussi faut-il avoir la volonté de mettre en place des registres en ce qui concerne les cancers de la thyroïde chez l’enfant, mais pour le CSSIN (Conseil Supérieur de la Sûreté et de l’Information Nucléaires) « rien ne paraît justifier une approche épidémiologique globale portant sur l’ensemble de la France. En effet il paraît peu probable qu’une telle démarche puisse faire ressortir des taux significatifs d’une quelconque pathologie. »(réunion du 16 décembre 1997). Beaucoup de français pourraient croire que ces registres sont systématiques, mais non, pas en France, allez savoir pourquoi…

Je demande la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour déterminer toutes les responsabilité, pour faire ressortir les documents de recherche et pour entamer enfin un vrai travail épidémiologique.

Dans cette affaire ce n’est pas l’industrie nucléaire en elle même qui m’inquiète, ce sont les gestionnaires, qui, incapables de prendre les mesures nécessaires en cas de crise s’obstinent dans l’erreur, nient le problème, mentent, trichent entravent les enquêtes et pour finir trouvent une brochette de sommités pour les soutenir et cautionner leurs fautes.

L’erreur est sans doute humaine, bien qu’à ce niveau de responsabilité elle soit gravissime ; l’obstination dans l’erreur est criminelle.

4ème partie - Pellerin et ses collaborateurs prennent les français pour des demeurés.

9 juillet 2008

A mensonge par affirmations erronées

Pellerin : « traces de particules, non significatif pour la santé publique ».
Ministère de l’agriculture (6/5/86) : « le territoire Français en raison de son éloignement a été totalement épargné par les retombées de radionucléïdes »


Pr Moroni : « 5000Bq d’iode dans le lait de brebis de Balagne n’est nullement inquiétant , dans une fourchette de 2000 à 20 000Bq on ne se pose aucune question. »


Pellerin (2/05/86) : « il aurait fallu une contamination 10 000 à 100 000 fois supérieure pour que se pose un problème de santé publique » alors que le SCPRI avait trouvé du lait à 4 400Bq

Lait à 4 400Bq d’iode 131 le 12/05/86 bulletin du SCPRI
Lait à 15 000Bq d’iode 131 reconnu par Cogné (CEA)


Par ailleurs 440Bq d’iode 131/L concentration maximale du lait en France citée officiellement.
Pour le Professeur Cordoliani du Val de Grâce « le maximum de radioactivité mesurée dans le lait en France est de 400Bq/L » Ref. Objectivité et subjectivité de l’information sur le nucléaire. Médecine et Armée .1993 21.2 125-137.
Pr Paulin : « Il aurait fallu des retombées 1 000 fois plus importantes pour avoir une action sur les organes. » (Le Provençal du 26/4/1991)

B mensonges par amalgames.

Le Pr Paulin : « l’interprétation de quelque résultat que ce soit n’a de valeur scientifique qu’à partir du moment où est pris en compte le taux de radioactivité naturel de la zone de prélèvement. » (Le Provençal du 26/4/1991)

La DDASS de Haute-Corse : « le lait de brebis concentrerait davantage la radioactivité et la Balagne, comme toutes les zones granitiques, (ont) une radioactivité naturelle plus importante qu’ailleurs. » (Nice Matin Corse 2/07/86) (jamais d’iode 131 ni césium 137 à l’état naturel)

« il est possible qu’en Balagne la RA naturelle soit plusieurs fois plus élevée que dans le Bassin Parisien »

C erreurs grossières ou …mensonges par omission ?

Pellerin (AFP) (29/04/86) : « en ce qui concerne les populations il y a certes un problème d’hygiène publique mais pas un réel danger, et certainement pas plus loin que 10 à 20Km au Nord de la Centrale. Si l’on détecte quelque chose il ne s’agit que d’un problème purement scientifique. »

Pellerin « prophète » (02/05/86) : « la distribution d’iode stable n’est ni justifiée ni opportune dans notre pays. Ni la situation actuelle ni son évolution ultérieure ne justifient quelque contre mesure que ce soit. »

Pas d’analyses précoces dans le sud-est et la Corse, premières régions touchées par le nuage de Tchernobyl .
Pas d’analyses de végétaux, légumes à larges feuilles, pendant la période critique.

Pr Laugier (sur les ondes d’une radio Corse) : il recommande à un agriculteur de « laver (son) foin » pour éliminer la contamination et répond à une femme enceinte inquiète : « mangez tout ce que vous voulez vous aurez un beau bébé. »

D carences graves …ou omissions délibérées ?

Pas d’analyses de végétaux, légumes à larges feuilles, pendant la période critique ni durant tout le mois de mai 86 en Corse.


(Région la plus contaminée de France avec le sud-est)

La seule analyse dont on dispose est à l’initiative du CEA :LA laitue de Mandelieu (sud-est).

Par quels moyens, avec quelles données le SCPRI contait-il faire des estimations précoces de contamination ?
Les végétaux à larges feuilles constituent le premier indicateur de contamination (CEA : laitue et platanes. De même l’analyse des épinards dans l’Est n’est pas à l’initiative du SCPRI) .
Première analyse de salade en Haute-Corse le 1er juillet !

Non prise en compte des groupes critiques : populations rurales et en particulier pastorales, de même vulnérabilité particulière des femmes enceintes et jeunes enfants.

E manipulation de chiffres et incohérences, falsification, rétention d’information

Cruas : chiffres du CEA divisés par 4 par le SCPRI.
Iode dans le lait de chèvre et de brebis en mai 86 (Haute-Corse) et rien dans le fromage de la même époque.
Présence d’iode 131 dans le fromage le 1er juillet (dépêche AFP ministère de la santé du 4 juillet 86).
Lieux de prélèvement non communiqués.


Carte du SCPRI retouchée dans la presse médicale.


Lait de chèvre ou de brebis Corses de mai publié dans le bulletin de juin et tardivement .
La Corse ne figure pas sur les premières cartes de contamination de la France.(évolution du nuage sur la France du 30/04 au 05/05. Libération du lundi 12 mai 86).


Le commissaire Européen Stanley Clinton Davis, à propos du dossier Corse, en réponse à notre interpellation a, dans sa réponse écrite, déclaré que : « la commission européenne n’a été informée que de manière incomplète voire incohérente ».

F Bafouement des normes et recommandations.

4 400Bq d’iode 131 par litre de lait de chèvre en Corse le 12 mai.
Il faut rappeler que suivant les recommandations de la CEE, les taux maxima de radioactivité dans le lait étaient :
Le 6 mai 86 de 500 Bq/L
Le 16 mai 86 de 250 Bq/L
Le 25 mai 86 de 125 Bq/L dans le soucis légitime de protéger la santé des consommateurs.
LAI 100 000 Bq pour les adultes.
Tubiana admettait en 1982 une LAI de 5000Bq pour les nourrissons, puisqu’il écrivait « la concentration maximale admissible dans le lait consommé tous les jours par un nourrisson est de 13,7Bq/litre » (toxiques nucléaires).

G Entraves et pressions sur les médecins et les enquêtes.

Manipulation des chiffres :
Concernant l’augmentation des cas d’hypothyroïdies néonatales en France il y a des discordances quant aux résultats.
Il y a aussi la troublante affaire des cancers de la thyroïde des enfants de la région PACA ,registre du Pr. Bernard.
ORS Dr Combette
Dr Vellutini
Pr. Ardisson
Ségolène Aymé…

H Mensonge comique

Pellerin, pour minimiser la contamination de la France, se retranche derrière les experts internationaux qui, eux, sont bien obligés de se fier aux données du SCPRI : « low » ! !

Le commissaire Européen pour l’environnement avait bien compris le problème.

Conclusion

8 juillet 2008

Il est excessivement triste que nous ayons été soumis à tant d’absurdités et de mensonges. Nous ne pouvons que remercier Mr Pellerin aujourd’hui qui par cette plainte nous permet de dire encore une fois comment nous avons étés victimes des carences de l’information et de la protection que nous étions en droit d’attendre d’un service de l’état et de ses responsables.

Etude de 201 cas de cancers de la thyroïde en Corse entre 1985 et 2006.

20 mai 2008

La thèse de Sophie Fauconnier intitulé :

Etude de 201 cas de cancers de la thyroïde en Corse entre 1985 et 2006.

Télécharger la thèse de Sophie Fauconnier (PDF)